2005-2024.
Structure gonflable, spot lumineux, diamètre 360 cm
Les imaginaires qui ont forgé notre modernité ont une grande importance dans les œuvres de Bruno Peinado. Le moment où l’humanité a marché sur la Lune fait partie de ces bouleversements qui nourrissent sa pensée. Pour lui, la science-fiction est alors devenue réalité et certaines utopies ont trouvé leur conclusion.
En posant délicatement la Lune dans un arbre, que l’on peut contempler nuit et jour, sous toutes ses faces, dans la « Cité de la Lune » qu’est Landerneau, Bruno enchante le réel pour activer un sentiment d’utopie. C’est-à-dire qu’il ne livre pas une utopie en tant que telle, mais se saisit de ce qu’elle a de plus essentiel.
José Esteban Muñoz est éclairant à ce sujet. Il qualifie l’utopie comme étant avant tout un refus des représentations de la réalité qu’impose le présent, une insistance à penser l’après et sentir l’ailleurs, un effort pour imaginer d’autres sociétés. Avec son œuvre, Bruno propose d’expérimenter ce mouvement. Céder aux plaisirs de la rêverie c’est aussi ressentir la possibilité d’un autre monde, et continuer à inventer.
La nouvelle église, construite sur le domaine des Ursulines en 1860, ne craint plus les inondations comme l’ancien édifice, au bord de la rivière, dont on a conservé ici le porche et le clocher. Elle est dédiée à saint Houardon, représenté dans son auge de pierre sur une toile de Yan’Dargent. Ce dernier a également orné le chœur et la nef d’œuvres pour lesquelles les landernéens ont servi de modèles. Plusieurs vieux arbres, classés remarquables, qui occupaient le placître sont tombés ou ont été abattus par sécurité. Les services municipaux prennent grand soin de ce vieux cèdre. D’autres essences vont renouveler l’espace paysager.
Des premiers espaces très dessinés aux derniers volumes surproduits, la pratique de Bruno Peinado tient tout entière dans la ligne claire qui ne cesse de parcourir son oeuvre, comme le grand contour du monde qu’il cherche à cerner dans ses pièces acidulées. Il découpe, trace et projette des icônes qu’on croirait sorties d’un badge, revendiquant soudain de façon effrayante ce qui relevait jusqu’à présent du domaine de l’accessoire.