2024.
Moustiquaire, acier, peinture en spray, fleurs (tulipe, muscaris, sarrasin, lin, cosmos, allium, pavot) ; acier, noix de galle, cupule de gland, graine de tournesol, patelle (coquillage)
Pendant l’hiver 2024, Margaux Janisset a planté dans le périmètre du Kanndi 400 bulbes de fleurs et semé des bombes à graines. Ce geste est révélateur de sa démarche. Pour elle l’œuvre doit servir le site et non s’imposer, et cela a guidé tous ses choix.
Les formes d’abord : tels des dessins dans l’espace, la sculpture est pensée pour les oiseaux et la peinture suit le parcours de l’eau.
Les matériaux : grâce à sa transparence la peinture s’inscrit avec légèreté dans le paysage, et les coquillages, cupules de chêne et noix de galle qui habillent la sculpture respectent les biotopes.
Les actes : Margaux a planté et semé des fleurs pour inviter les pollinisateurs, offrir des graines nourricières aux oiseaux, et créer un environnement coloré et féérique pour les visiteur·euses.
Son œuvre multiplie ainsi les interactions avec le site, les humains et les non-humains. On peut dire qu’elle est agradante (selon le terme de Charlotte Cosson), c’est-à-dire que non seulement elle ne dégrade rien, mais elle favorise les liens entre les êtres et les lieux.
Maison buandière construite pour blanchir les écheveaux de fil de lin, ce bâtiment rural avec sa cheminée, sa cuve et son bassin témoigne de cette activité intense jusqu’au 18e siècle. On a pu en répertorier 27 sur la commune. L’autre témoin de la richesse générée par l’industrie linière, plus majestueux, est l’enclos paroissial du bourg.
La croix celtique qui accueille le visiteur sur la parcelle a remplacé un vieux calvaire transporté à Maissin en Belgique pour veiller sur les soldats tombés lors de la Première Guerre Mondiale.
« Mon travail pictural s’imprègne de l’environnement direct où je travaille. Parfois sur toile, il se prolonge dans des interventions in situ, des peintures murales. Chaque pièce donne une importance aux atmosphères, climats, matières, caractéristiques architecturales, et se colore de l’ambiance du lieu comme un paysage. Influencée par l’histoire classique de la peinture de paysage, je tente de repenser un rapport au dehors à travers une observation poétique du monde pour saisir l‘essence d’un lieu, les énergies du vent et du soleil et d’entrer en relation avec les éléments en apprenant à parler à l’eau, composer une peinture avec le vent. Ces observations m’amènent à utiliser la couleur sous différentes formes et états : nacres, terre et végétaux frottés, extraction de pigments naturels, poudres minérales. »